Après une soirée arrosée (chut ! ce qui se passe aux étangs d’In* reste au étangs d’In*), une insomnie, un réveil matinal pour aller chanter des chants grégoriens aux côté de catholiques sympathiques et coincés dans une Eglise millénaire mais aujourd’hui aux mains de Satan1, puis un petit repas en famille, j’ai pu enfin faire une sieste que j’estime méritée.
Dans mon rêve profond et réparateur, j’étais dans un groupe qui apprenait le saut en parachute en se lançant d’une fissure dans la montagne s’ouvrant ensuite par dessous (genre de configuration géographique qui ne doit exister que dans les dessins animés et les rêves, mais bref…)

Gabrielle était devant moi dans la file et je pus la voir sauter puis son parachute s’ouvrir. A mon tour mon vol se passait aussi très bien. Puis nous avons dû enchaîner sur le deuxième.
L’insouciance passée, nous avions beaucoup plus peur que pour le premier saut. Gabrielle se trouvait cette fois-ci derrière moi. Je sentais sa frousse derrière la porte au moment de la fermer (le deuxième saut nous obligeait à passer dans un sas, une porte à fermer ouvrant vers un escalier étroit et sombre (mi pas très long) que nous devions monter un par un avant de retourner à la fissure. Un petit gamin de 5ème, dont j’ai été un surveillant à Ba* il y a des années2 me précédait et avait pour tâche de m’appeler à mon tour sur la fissure (ou la faille). Je montai l’escalier occupé par ma trouille et ses traces de coups sur le torse (le père de cet enfant était très violent, quand il rentrait). Comme d’hab’ le petit bonhomme haut comme trois pommes n’avait peur de rien et se lançait en parachute devant moi. Mon tour vint.3 Je pense avoir mis mon parachute et me suis élancé.
Après les nénuphars dans le cœur de la mourante de l’Ecume des jours, je me suis réveillé en sursaut profondément réparé avec un parachute qui venait de s’ouvrir dans mon cœur.
Je laisse à Nat* le soin de me faire une interprétation quantique, craquante et cosmique de tout cela – peut-être était-ce un cadeau de Dieu à qui j’avais essayé d’expliquer, le matin même que je ne m’agenouillais pas dans l’église, dès lors qu’étant dans un espace si majestueux, si haut bien qu’étant en hauteur et dominant les fidèles dans la nef, je pouvais encore m’élever sur la pointe des pieds, tendre les bras, m’étaler dans toute ma superbe, je voyais clairement que je n’étais encore qu’un petit bout de rien comparé à sa grandeur, et que me montrer debout comme un soldat à l’appel, un flambeau brûlant dans la nuit des temps, un être fier et digne, droit et tendu, n’était pas un affront à sa face invisible mais un hommage à cette clef de voûte au-dessus de moi et tout ce qui surpasse cette construction humaine séculaire, moi qui n’avais plus que des « ahahaha ohohoho » eux aussi séculaires car grégoriens, à offrir au-delà de la pauvreté de nos mots trop imprécis.
Peut-être que nous devons, nous autres êtres humains en lutte contre le Nouvel Ordre Mondial, trouver cette faille impossible dans la muraille qui nous fait face, et que c’est sur nous, des grands-mères frêles et taillées pour le bonheur et la joie, comme Gabrielle, des petits gamins tabassés et des gros tas juste bons à taper sur des claviers, entre autres, sur qui l’Histoire compte pour aller voler à la rescousse du monde. Sauter dans le vide, pisser les pigeons au passage (tous les Strasbourgeois comprenant mes désirs de vengeance) et sauver ce monde, nous, pauvre armée de rigolos et d’éclopés, armée du salut, bande de kicouilloux, à peu près apôtres, communauté de l’anneau avec un bric à brac de nains, de gorgones et d’elfes, descendant tels des anges sans ailes…
L’analyse de Nat


Notes
- Satan qui veut les dissoudre par la voix de Bergoglio, ce dernier qu’ils ne veulent attaquer de front en restant au sein de la vieille institution malmenée (genre d’équilibre de malconfort et contradictoire que j’aime bien et où je me sens le plus à l’aise !) ↩︎
- Romain G*, un des deux dont j’aimerais bien savoir un jour ce qu’ils sont devenus. ↩︎
- Comme un goujat apparemment je n’avais pas à chercher Gabrielle dans l’escalier… ↩︎
Photo d’entête : “parachute roof” par Tricia North
