D’un sourire il guérissait les blessures

Je me souviens de Henri F., pasteur de l’église évangélique que fréquentaient mes parents, père de mon meilleur ami d’enfance, mort aujourd’hui et que j’aimerais garder un peu vivant en moi par ces lignes.

Je me souviens son calme et son flegme anglais (bien qu’il fût ce qu’il y a de plus Alsacien) et du sourire narquois, posé, sans méchanceté, en toute simplicité, sur lequel s’échouait toutes nos petites misères. Alors que nous arrivions avec une frustration, une colère, un souci, il nous regardait comme si nous étions une petite mouche qui tape sur la fenêtre, bêtement et sans un geste, puis, sans nous humilier, il s’arrangeait pour que nous voyions l’ouverture de l’oscillo-battance, que nous trouvions la solution par nous-même et que nous sortions au-dehors de notre situation.

Rien n’était grave à ses côtés, et son calme dissipait tout le reste, qui nous faisait prendre conscience que ce n’était pas bien compliqué, que nous ferions mieux de poser le problème pièce par pièce sur la table pour que le puzzle soit finalement assez facile à reconstituer. C’était désarmant. C’était simple. Nous nous voyions si ridicules. Un seul petite geste, un regard bleu perçant et l’assurance du juste, un sourire, une question « vraiment ? », et tout était effacé.