Petite fille qui pleure dans la nuit.
Vous appelle.
Qu’on tient dans ses bras et qu’on console en compagnie d’une tétine et de Doudou.
Qu’on remet dans son lit en lui tenant la main, qui se détend, s’endort, se reprend quand le pied pensait à filer, « Antoni reste avec moi ».
Sentir qu’on est à sa place, ici, en cet endroit, en ce moment, et que si tout ce qu’on avait vécu jusqu’ici ne devait avoir accouché que de cette présence-là, si on devait s’éteindre demain, on a été quelque chose – cette chaleur dans la nuit qui a mérité qu’on vive, qu’on ait existé ; tu m’as donné une place aujourd’hui creusée dans le noir entre deux jours en ce petit coin du monde perdu dans le temps et t’en est allée dans un profond sommeil.
Je fus ta fragile flamme dans le milieu d’une traversée, je me suis vu berger et gardien, tu as été ma raison de vivre, tu dors dans la pièce d’à côté et j’ai gagné le droit de m’endormir à mon tour, heureux…
… et que ferai-je de moi quand tu n’en auras plus besoin ?
(… « parce qu’on a tant besoin qu’on ait besoin de nous » …)
Photo d’entête : “Young and Old Hands” par AL.Eyad
