I
Tout dévoué l’instant se tenait immobile
Résolu en silence à ne pas nous gêner
Pour qu’il reste en nous à jamais indélébile
Nous aimant et à notre désir enchainés
Ses sourires me faisaient ou bronzer ou rougir
En ce jour j’étais heureux d’aller les cueillir
Car ils me disaient de ne jamais m’assagir
Qu’ils seraient toujours neufs et ne pourraient vieillir
Ils n’ont pas fané mais à un autre ils se donnent
Je les sentais si doux, je les vois comme dards
Car l’instant et moi-même nous ne sommes plus personne
Dans ce tableau où je suis revenu, trop tard
Dévoyé l’instant me voit aller sans mobile
Seul avec ma dolence, je le vois tout peiné
M’avouant qu’à nous voir nous avions l’air débiles
Qu’il faut oublier, cet amour à peine né
II
…
Photo : “Der Abend” de Henning Leweke.
