Version où l’inconnue est Argentine – dans une autre elle est Brésilienne
I. L’étincelle
Elle m’avait tendu un piège
Où on est tombé tous les deux
Car j’ai soutenu le siège
Scotché au bar sous ses yeux
Elle m’a d’a dit « veux-tu danser ? »
Et puis tout s’est mis à tourner
Bien trop de jeu pour penser
Au vestiaire notre être de la journée
Nos rythmes à nous, interlopes
Deux solos au milieu des tangos
J’étais un Chileno d’Europe
Elle n’avait jamais vu Santiago
Je ne connaissais que la cueca
Et son jeu du coq et de la poule
Comme un kéké ratant les pas
J’étais aussi gracieux qu’une boule
On a repris un Fernet-Cola
Colin-maillard avec la morale
Car l’affaire n’en était qu’à là
(Qu’on savait) Que ça finirait en chorale
Allez pince-moi ou j’en crève
Disaient nos mains sous nos paroles
Est-ce la vie qui est un rêve
Ou l’irréel, là, que l’on frôle ?
‘Refrain’ 1
Buenos Aires
Tu as la clef de ce fameux soir
Buenos Aires
Garde ce trésor dans ta mémoire
II. La fuite en avant
Elle m’a pris par la main
Sur la plazeta Cortázar
Au moins amants et plus humains
En nous livrant au hasard
Sans réfléchir au lendemain
Nous n’avions pas de miroir
Ce n’est pas dans le rétro qu’on voit le chemin
Alors foncer jusqu’au mouroir
Ensuite on s’enfonce dans tes rues
Et leurs cachets à connaître
Où l’on pénètre comme en intrus
Clandestins cachés sous les fenêtres
Etait-ce la Boca ou Palermo
Ou Barracas ou bien le port ?
On ne se disait aucun mot
Et je me souciais peu du décor
Quand s’est refermée la porte
J’étais en toi mais à quelle place ?
Il fallait la saisir et puis qu’importe
Où l’occasion nous embrasse
(Elle m’a dit) Donne-moi ta langue de Molière
Je veux te faire goûter à Borges
Au feu Descartes et les Lumières
Nous serons les fous servants de l’ivresse !
‘Refrain’ 2
Buenos Aires
Tu fus le seul témoin de l’histoire
Buenos Aires
Nous n’avions même pas d’ombres dans le noir
III. L’embrasement (partie classée X)
On a le sang chaud tu ne penses pas ?
Brûlants, adultes calcinés
Mais qu’est le faux quand on prend ça
Pour une rencontre de ciné ?
J’enlace ce don qui chante
Sous mes doigts pas qu’au bord d’elle
La délivrant de sa robe méchante
L’assaut prend fin, la colombe bat des ailes
Et que la chevauchée commence
Vers ton côlon tu tires le manche
Choc des cultures, panse contre panse
Jusqu’à ce que le continent penche
Sonder tes hanches, chasser les monstres
Brassant de l’air, moulins vivants
Jusqu’à piquer les aiguilles de la montre
Pourfend-moi sans suite ni avant !
De nos frictions nait ce raffut
Qu’on peut voir dans l’aleph mais flou
Enfin l’Enfer ce n’est pas de refus
Il faut que Satan nous renfloue
L’aube point, commande liqueurs
A boire tout un tonneau des Danaïdes
Comment on casse nos statues de peur
De peaux lithiques à peaux liquides !
‘Refrain’ 3
Buenos Aires
En toi nous nous sommes laissés choir
Buenos Aires
C’était la magie sous nos mâchoires
IV. Que ça résonne que, que ça soit politique
Que même la Cordillère des Andes
Sente ce tremblement de terre
Que les volcans du Chili entendent
Comment exulte ce cratère !
Alors que l’Amérique patine
A deux nous étions la Pangée
Au Diable frontières qui baratinent
L’union est là au (plus pro)fond de notre plongée
Apôtres attelés sous les drapés
A appeler les peuples et leurs drapeaux
A ce qu’on n’essouffle nos plaies
Et qu’on siffle la paix entre les peaux
Locos/aux en même temps que bohèmes
Accouplements nomades
Dans une pulsion, un poème
Dont les pieds battaient la chamade
Sais-tu qui est cette Argentine
Qui est en toi quand j’y repense ?
Une belle brune aux moues mutines
Qui m’a fait perdre tous mes sens
Joli fruit empli de jus de vie
Qu’on pouvait croquer sans le peler
Que j’ai perdu sans préavis
Je n’ai jamais su comment elle s’appelait
‘Refrain’ 4
Buenos Aires
Après les pourparlers les ‘pour boire’
Buenos Aires
Notre sommet à nous dans l’isoloir
(Final)
Photo : “puente de la mujer” par Dan Masa Suivre
