L'hiver tombé sur notre terre Au loin n'est plus qu'un grand champ de blanc A peine crevé par quelques arbres D'un pauvre bois nu hibernant Comme des racines en plein air Statues souvenirs d'un autre temps D'un autre temps bien moins austère
Déjà nos vies sont moins sûres Un peu plus dures à assurer Qu'il nous faut de la chaleur D'un feu d'amour pour subsister Nous voici à notre juste valeur Brûlé à mort par la poussière De cristal d'une froide pâleur
Et au tour ce fait d'oubli Tout disparaît sous cette couche d'innocence Les gens crevant par quelque faim Ne sont plus que des songes venant d'un soleil L'air est plein de misère La misère se fait personnelle Un peu plus dur de rouler sa pierre
Mais quand le corps bientôt n'est plus Qu'une vieille écorce plein d'ulcères Nos lèvres meurtries par les gerçures Laissent enfin sa chance au silence Et dans le doux craquements du bois La vie est belle dans sa simplicité Les joies factices fondent comme la neige
Photo d’entête : “…..leave traces…..” par hans-juergen