Neige

L'hiver tombé sur notre terre
Au loin n'est plus qu'un grand champ de blanc
A peine crevé par quelques arbres
D'un pauvre bois nu hibernant
Comme des racines en plein air
Statues souvenirs d'un autre temps
D'un autre temps bien moins austère
Déjà nos vies sont moins sûres
Un peu plus dures à assurer
Qu'il nous faut de la chaleur
D'un feu d'amour pour subsister
Nous voici à notre juste valeur
Brûlé à mort par la poussière
De cristal d'une froide pâleur
Et au tour ce fait d'oubli
Tout disparaît sous cette couche d'innocence
Les gens crevant par quelque faim
Ne sont plus que des songes venant d'un soleil
L'air est plein de misère
La misère se fait personnelle
Un peu plus dur de rouler sa pierre
Mais quand le corps bientôt n'est plus
Qu'une vieille écorce plein d'ulcères
Nos lèvres meurtries par les gerçures
Laissent enfin sa chance au silence
Et dans le doux craquements du bois
La vie est belle dans sa simplicité
Les joies factices fondent comme la neige