Nous regarder dans un miroir

SOCRATE : Moi, tu sais, je ne voudrais ni l’un ni l’autre. Mais s’il était nécessaire soit de commettre l’injustice soit de la subir, je choisirais de la subir plutôt que de la commettre.

Platon, Gorgias
Même si nos pas s'enfoncent dans la boue du doute
Qu'on ne voit même pas bien s'ils tracent une route
On sait que lorsque retombera le soir
Nous pourrons nous regarder dans notre miroir
Dans le plus profond silence de nos consciences
Aux confins d'un long labyrinthe de patience
Nous pourrons fièrement tenir droit notre buste
Nous aurons pris notre place parmi les justes
          Et toi
          Que peux-tu bien dire à ta femme
          Quand tu as fini le service
          Que tu fus l'agent du sévice
          Et ne peux mentir à ton âme ?
          Et toi
          Que répondras-tu aux enfants ?
          Quand ils liront les livres d'Histoire
          Et qu'ils voudront un jour savoir
          Si tu étais dans le bon camp
Oui c'est vrai qu'il y aura encore des pleurs
Des plaies sur nos corps et dans tous nos plis des peurs
Mais si on oublie de voir que c'est impossible
Nos flèches enflammées pourront atteindre leur cible
Nous savons que nos longues marches sont inefficaces
Nous ne sommes que des dingues que le pouvoir efface
Ecrasés mais par des colosses aux pieds d'argile
Minables molosses finalement très fragiles
          Et toi
          Quand tu auras ce poids à tes pieds
          Boulet d'un tort indélébile
          Jusqu'à ta mort vieux et sénile
          Plombant ta morale estropiée
          Et toi
          Je vois ta torpeur et ta gêne
          Car c'est bien toi qui te fissures
          De taper ce métal si dur
          Qui ne tord pas et vit sans haine

Photo d’entête : (Untitled) par guah