A la main d’A*, que j’ai prise et qu’elle ne m’aura pas accordée plus de 18 mois.
A celle de C*, que j’ai préféré laisser, sachant que nous serions sans surlendemains.
A celle de S* que je n’ai pas osé prendre alors que je le désirais terriblement.
Son
(Enregistré le 5 mai 2014)
Texte
1. A* (Mr Nobody – 2010)
1.1
Cette main à plat à deux doigts de la mienne
Siphonne le cinéma qui n’était qu’un prétexte
Fait vibrer l’espace d’une présence immobile
Envoie voler la place, ouvre le champ des possibles
1.2
A cette phalange discrète, comme un manifeste silencieux
Var. …un manifeste révolutionnaire
Plus qu’une demande secrète, une frontière frémissante
Entre la camaraderie, et l’ombre d’un engagement
De la rencontre de nos vies à l’union de nos jours
2. C* (Cloclo – 2012)
2.1
Cette main échouée sur l’accoudoir d’une salle obscure
Qui fait trembler le noir, déchire le temps
Aimante mon attention, que regarde-t-on ?
Tu es plus qu’une fiction, un scénario palpitant
2.2
Sur quoi ouvrirait le « oui » d’une accroche ?
A l’approche inouïe du messager de tes sentiments
(Mais) cette main je peux la saisir pour quelque temps seulement
Car je sais sans le dire que je ne la demanderai jamais
3. S* (Los gatos viejos – 2012)
3.1
Cette main qui me nargue sur le siège d’à côté
Alors que je me targue de ne rien bousculer
Se pose près de moi pour quelques secondes à peine
Proche et loin à la fois, je sonde mes questions vaines
3.2
Faut-il que je tente de mettre la main sur cet être charmant ?
Sans que je ne sente, nul appel à aucun moment
Faut-il que je l’agrafe, cet avant-bras qui danse ?
Recevoir caresse ou baffe, mais au moins fi du silence
Conclusion
Où nous entrainent ces mains qui trainent,
Qui nous enchainent, qui se méprennent ?
Faut-il les prendre (ou les laisser ?),
Quitte à les rendre et les blesser
Qu’elles sont galantes ces sirènes
Qui nous enchantent, si sereines !
Dont on aime tant se voir enlacer
De leurs cinq serpents sans cesse glacés
Remarque sur le texte
En 1.2 :
« A cette phalange discrète, comme un acte séditieux »
devient
« A cette phalange discrète, comme un appel silencieux »
Ou un « manifeste silencieux », pour l’oxymore ? Ou un « manifeste révolutionnaire », pour insister sur la disruption rapide ? Ou un « appel à la rupture » ?
J’aimais bien l’idée de cette main qui fait scission avec la normalité pour tenter une petite révolution en allant toucher l’autre, mais je doute que ce soit si clair. J’aime aussi cette idée qu’une première rupture commence quelque chose qui finira aussi par une rupture, probablement, un jour ; la rupture comme deux bornes, comme une parenthèse : (amour).
Construction
1.1, 1.2, “pause musicale”, 2.1, 2.2, “pause musicale”, 3.1, 3.2, “pause musicale”, outro (fin abrupte).
Instruments
- Voix
- Guitare
- Basse
- Batterie
Sur scène
Rien de particulier. Le chanteur a la main mouvante lors des premiers couplets, mimant les « frontières frémissantes ».
Photo : “La boîte à mains” de Jean-Marc Linder.