Ecrit en février 2012, pour A*, E* et M* et ce qui était alors leurs paternités frustrées
Son
Texte
1
Je les vois assis tous deux posés sur un banc
Qui regardent amoureux jouer les enfants
Ils ne sont pas vraiment affables
Leurs yeux fixant le bac à sable
2
Elle touche son ventre taille mannequin
Où elle voudrait tant qu’y entre quelqu’un
Mais ses entrailles sont seulement visitées
Sans qu’aucun bail durable ne soit contracté
Qui manque un peu
Et l’envie
Qui se lit dans leurs yeux
3
Je me vois assis tout seul sur le banc d’en face
Regardant les mamans qui attendent sur place
Mais comme mon ombre n’a rien à dire
Je sens que je ferais mieux de partir
4
(Alors) Je passe devant mon couple muet
Tout immobile bien que remué
Personne au bout de mes mains inutiles
Clef sans verrou, simple ustensile
D’un même banc, d’un même avenir
Dont à mon âge
L’absence se ressent encore pire
5
D’un coup d’œil furtif il m’a regardé
D’un air digne mais comme s’il plaidait
Je ne peux l’aider, je ne suis pas père
Juste imparfait et surtout célibataire
6
A la maison où je ne vis qu’avec le Diable
Je lui demande s’il serait pensable
De leur laisser mon droit à donner la vie
Contre la chance d’être aimé aussi
Qui nous manque un peu
Qui a sévi
Et se planque dans nos creux
7
Je les imagine comme moi, très facilement
Acheter des présents pour d’heureux évènements
Avec une vraie empathie mêlée d’amertume
Que le bien-être des autres rallume
8
Voulant expier nos jalousies
En s’attachant à être vraiment réjouis
Quand le bonheur nous invite à l’admirer
Pour mieux nous en laisser frustrés
Qui se moque, qui nous porte
Qui nous laisse voir
Juste dans les trous de la porte
Lancée :
Et si on se prête nos poids
Peut-on s’en décharger un peu ?
Et l’on tisse nos détresses
Peuvent-elles être prisonnières dans ce piège ?
Et si on se prête nos fois
Peut-on en devenir plus pieux ?
Et l’on ratisse nos tristesses
Pourrait-on ensemble en faire le siège ?
Et si l’on mélange nos souffrances
Pourraient-elles enfin perdre notre trace ?
Et si on lie nos solitudes
Pourra-t-on entendre résonner nos chants ?
Et si l’on brasse nos errances
Peut-on les nettoyer de leur crasse ?
Et si on multiplie nos sollicitudes
Pourra-t-on rire comme les autres gens ?
C’est la vie
Qui manque un peu
Nous a ravis
La chance d’être pleinement heureux
C’est la vie
Qui tarde un peu
Mais nous convie
A revenir dans un mois ou deux
Instruments
- Voix
- Guitare
