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Le présent de l’affirmatif

Écrit principalement entre le 1er et le 14 décembre 2011, rue J* L*, premier étage, à Lorient, alors que je venais de mettre 800 km entre ma tristesse amoureuse et moi.
En souvenir de Marie C. et de son « bébé ».

 Il y a quelque chose dont on ne parle jamais, c’est le voyeurisme auditif, si on peut inventer ce néologisme… Il peut y avoir une intensité très forte dans des sons, des phrases, des conversations qu’on entend… Par exemple, pour moi, l’image de la cabine de bain, ce n’est pas seulement des trous dans le mur, c’est aussi l’odeur de l’eau de Javel, c’est la nudité, le frisson, on finit par avoir froid d’être nu, les échos, les bruits étouffés de la piscine, donc plein de choses à la fois, ce n’est pas forcément une question d’images.

Cité par Hervé Castanet, Logique du voyeurisme, p. 197

Son

Version enregistrée au téléphone lors d’une session au studio du Grillen, en février 2023.

Texte

1
Toutes les nuits ça revient chez la voisine du bas
A 2 heures du matin elle veut faire un débat
Et pourtant, finalement, je ne sais bien pourquoi
Car de ce qu’on entend elle acquiesce à chaque fois
2
Il arrive certains jours que ses discours me troublent
Quand, à nous rendre sourds, elle met les bouchées doubles
Moi qui n’ai ni camarade ni résidente
A qui soutirer tirades aussi trépidantes
     Refrain 1
     Oh, la voisine nous fait don
     De ne jamais dire non
     Et y va pour de bon
     En y mettant le son
     Et son copain quant à lui,
     J’espère qu’il a l’ouïe
     Pas trop en bouillie
     Quand elle joue, quand elle jure et quand elle … est réjouie.
3
Ne me faites pas croire, elle ne pourrait nier
Si je voulais le savoir un jour dans l’escalier
Qu’elle ignore que nous sommes désormais plus intimes
Que ses raisons résonnent, j’en connais toutes les rimes
4
Nous sommes la quintessence du couple original
Ne s’aimant que d’un sens, douceur subliminale
Qui me laisse le meilleur, et m’évite le pire :
L’indécence ou malheur d’un jour la contredire
     Refrain 2
     Oh, la voisine s’époumone
     Charitable comme une nonne
     Toujours faisant l’aumône
     De son trop plein d’hormones
     Lui jamais ne s’enfuit
     Quand vient l’heure de la nuit
     Où sa sagesse s’enfouit
     Dans un si divin puits …à l’eau si clairement épanouie
          Intermède 1
          Oh la voisine pourrait prêter sa voix de sirène
          Sibylline, si belle, cinématographique
          Au voisin sans sommeil et trop d’adrénaline
          Lorsqu’en otages sont ses oreilles de sons si peu soporifiques
5
Quand elle scelle la paix, bien qu’il n’y ait eu de guerre
On sait sans s’y tromper, qu’elle ne lui en veut guère
On devine à leurs rires, comme les soudent leurs disputes
Et à y réfléchir cette façon se discute
6
Bravo à cette étudiante d’à peine 26 ans
Ardente militante, qu’en disent les médisants
Du droit qu’ont toutes les femmes de pouvoir s’exprimer
De nous livrer leur âme d’une façon affirmée
     Refrain 3
     Oh voisine je ne sais pas ton nom
     Mais quant à tes « oui » sinon
     Cette cantate en canon
     Elle a fait ton renom
     Ton pro’ en gazouillis
     Toujours dans le cambouis
     Il ne fait aucun bruit
     Mais j’avoue que je suis … jaloux de son endurance inouïe
          Intermède 2
          Oui la voisine a le goût du partage
          Oserait-elle franchir un étage et aller jusqu’au bout ?
7
Elle a raison de s’entêter, à l’heure où chante la chouette
A peaufiner son traité sur le cri de la couette1
On n’a jamais assez de toutes ces femmes savantes
Aux multiples pensées, toujours très innovantes
8
Demain je demanderai à mon courage de toquer à sa porte
Voir si je peux lire l’ouvrage et lui prêter main forte
Ou lui glisser un faire-part pour qu’elle ait l’info
Qu’elle peut venir, – et tard ! – à mes cafés philo
     Refrain 4
     Oh, la voisine nous fait don
     De ne jamais dire non
     Et y va pour de bon
     En y mettant le son
     Et son copain, cette andouille
     J’aimerais bien qu’il se grouille
     De lui faire des papouilles
     Pendant le temps que moi… (elle me casse les c...) …tous mes nerfs bouillent !

Note

  1. « La répétition est l’une des plus odoriférantes fleurs de la rhétorique », selon Raymond Queneau, n’est-ce pas ? ↩︎

Photo : “Gardienne” de Marc Lagneau.