Souvenir de la gare TGV d’A*, et de la main d’A* qui me dit au revoir dans le rétroviseur de sa voiture.
Texte
I
Le voilà qui s’arrête comme suspendu sur le vide, au bout d’un quai
Je crois qu’il s’apprête, homme tendu, livide, soucieux et inquiet
A chercher des traces de larmes, de celles qui ne peuvent pas sécher
Qui tachent la place d’un charme pour toujours ébréché.
II
Et en ouvrant les yeux, au milieu des milliers de passants
Il les voit tous les deux qui s’aiment à jamais impatients
Pour la dernière fois.
Deux spectres qui s’accrochent en pleurant
Qui s’écorchent plus ils vont se resserrant
Qui s’éteignent en s’écoulant
Et il s’en va.
III (boucle)
Il n’oubliera jamais cette main
Qui lui dit au revoir au loin
Dans la voiture qui s’éloigne
Qui sait comment cela se soigne ?
Même s’il a fait du chemin
Ça reste dans un coin
Comme un souvenir à poigne
Toujours là qui témoigne
(final de la boucle : Et si on mettait un point ?)
IV
Les fantômes ont-ils des ombres
Qui blanchissent le sol à jamais ?
Et qui dans la pénombre
Brillent toujours, enflammées
Les fantômes sont-ils des nombres
Qu’on a maudits à jamais ?
Hurlent-ils dans les décombres
Sans cesse mourants et affamés ?
V
Combien d’adieux,
Combien d’embrassades,
Combien de déchirures
Combien de fils coupés
Pèsent encore sur ces quais ?
Sur scène
Jouer avec des ombres. Jeux d’ombres chinoises ?
Photo : extrait de “Les Âmes Soeurs” de Laëtitia Waroux.
