Son

Enregistré le 26 février 2015.

Texte

1
La poussière s'entasse sur ce que l’on a vécu hier
Et la nostalgie encrasse ces toutes vieilles pierres
Nous étions pourtant sincères, on se voyait mari et femme
Et puis un jour se resserre la trame de ce qui fut un drame
2
Rencontrée au hasard au croisement de deux rues
Revient à ma mémoire notre couple qui a disparu
Sous ces rides naissantes ton visage de jeune fille
Sous ta rudesse blessante le virage d'une autre vie
3
Tu ne sais pas quoi dire ni comment m’aborder
C’est bien dur de rouvrir ce beau roman sabordé
Cette distance entre nous, plus que deux étrangers
Cette souffrance encore lourde que l’on avait rangée
4
Toi tu voulais des enfants : les voilà devant moi
Ils ressemblent à leurs parents mais je ne les connais pas
Tu as trouvé l’amant qui t’a construit un nid
Et tu revois un passant qui aurait pu être celui-ci

Légère pause, pendant que le son du dernier accord s’estompe.

5
J’espère que maintenant tu connais le bonheur
Dans les bras du soupirant qui aura séché tes pleurs
Peut-être même tout cela n’existe plus pour toi
Comme une ancienne piste rongée par le bois
6
Il faut bien que l’on se dise, bribe d'explication
Après on se fait la bise sans autre complication
Ce fut comme un grand trouble, il a fallu faire très vite
Pour espérer gagner le double, on a dû jouer quitte
7
Sûr que je regrette tout ce qui est arrivé
Les erreurs que l’on a faites, à nos vies sont arrimées
On s’est beaucoup aimé, on avait plein de tendresse
Puis on s’est dit « à jamais », sans se laisser d'adresse
8
Bien sûr je te laisse partir, avec mes adieux encore
Il ne faut plus ressortir ce temps radieux qui dort
« Dites au revoir au monsieur » avant que nos chemins passent
« C'était qui le monsieur ? — Oh, un vieux copain de classe »

Le dernier accord s’estompe laissant le passé résonner dans l’esprit des deux anciens amants, nouvelle légère pause.

9
On a tourné la page pour clore ce chapitre
Il serait bien plus sage de ne pas lui donner de titre
Alors, il faut achever cette rencontre impromptue
Le premier à se retourner se transforme en statue
10
Mais comment ne pas revoir le sucré de ton sourire,
Ôter de ma mémoire tous ces sacrés souvenirs ?
Les chansons de tes mains, l’onde froide de tes caresses
Le foyer de ton sein le long des soirs de paresse
11
Comment faire abstraction de la saveur de ton corps ?
Quand tout fait obstruction à la gageure d'un tel accord
Ce feu qui me noie, me terrasse de frissons
Un douteux jeu de l’oie où je ressasse en prison
12
Le château que tu voulais, les prénoms des petits
Même que tu me saoulais avec toutes ces minuties
Comme je m'enivrerais si la route était à refaire
Nos petits ne sont pas nés, la maison toujours sous terre

Les regrets flottent dans l’air et s’écrasent, comme le dernier accord, sur les parois impassibles du silence…

13
Nos images d'hier ne sont plus que poussières
Comme des résidus de misères aux effets délétères
Fous et jeunes alors on a fait d'une rivière une impasse
Du plomb avec de l'or, je continue de guerre lasse

Instruments

  • Voix
  • Guitare
  • Basse

Visuel alternatif

Un carrefour d’une ville vu d’une fenêtre bien en haut. Elle est à gauche tenant dans chaque main la main d’un enfant. Lui arrive par la rue perpendiculaire, les mains dans les poches. 10 secondes avant la chanson.

Photo : “Suspendu – Moment of doubt” de Max Sat.