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La bête qui voudrait faire l’ange

Son

Un jour…

Texte

1
Après-midi de glande dans les supermarchés
Au milieu de ta bande, stupidement à marcher
Vous lancer des injures, finir par vous fâcher
Chercher des aventures ou du moins leurs déchets
2
Puis une brèche s'est ouverte dans ta fausse assurance
Qui te fait perdre la tête, désosse ton arrogance
Tu as croisé une princesse, puis un début de transe
Une douleur qui t'oppresse, qui te bute à outrance
3
Juste assez de misère pour la reconnaître telle
Une sordide lumière qui crache son étincelle
Une impression, une peur, qui te brûle la cervelle
Qui te remue le cœur, qui y fait la vaisselle

(Pont musical)

4
Et naît un sentiment, un grand poids sur les bras
Un drôle d'énervement, une espèce d'embarras
Une idée soudaine, à mettre au débarras
Qu’à grands coups de rengaines tu inhiberas
5
Tu ne connais rien aux filles, tu ne sais même pas pour toi
Tu n’as rien dans ta vie, tu ne lis qu’avec les doigts
Tu voudrais dire des choses, mais tu restes coi
Il faudrait que tu oses, mais tu ne trouves pas ta voix
6
Tu la suis craintivement dans les allées peuplées
Tu ne sais même pas comment tu pourrais l'interpeller
Si un mot se pressent, tu ne sais même pas l’épeler
Et en y pensant, tu n’as personne pour t’épauler

(Pont musical)

7
Tu te vois pauvre bête devant le premier miroir
En jogging et baskets errant sur les trottoirs
Sans orgueil sans projets, une vie sans grands espoirs
Un horizon figé qui ne sait pas dépasser le soir
8
Tes rimes n'ont pas l'audace ni l'aplomb que tu affiches
Tu trimes et ta besace au fond n’est pas si riche
Sous le brillant de tes mensonges, tu sais bien que tu triches
Que tu t’enterres sous des songes et que ta vie est en friche
9
Ta place est tout en bas, là où on a encore pied
Tu ne domines pas les débats, tu vis dans un clapier
Même dans la bassesse, tu ne fais que copier
Alors quand passe cette princesse, tu peux juste l’épier

(Pont musical)

Fin pessimiste
Quand on est ignorant mieux vaut l’être jusqu'au bout
Rester bien dans le rang, ne rien vouloir du tout
Tu te protégeras de la science, vomiras sur la culture
Tu tueras ta conscience, lui fera une sépulture
Tu retournes chez tes frères, compagnons de galère
Tu reviens les faire braire, leur pomper un peu l'air
Tu vois sur les unes les stars, et toi ta vie dans l’alcool
Tu n’auras pas le pouvoir, tout juste une pauvre bagnole
Tu vivras pour respirer, tu voteras pour la rancune
Et jusqu’à expirer, tu n’auras pas une thune
Il suffit d'oublier, d'anesthésier la souffrance
De te détester, et de pisser sur la France 

* * *

Fin optimiste
Et de cette honte intime, le besoin de changer
De retrouver de l’estime, de voir tout s’arranger
De l’envie à revendre, tu en as tant engrangé
Qu’on ne va pas te reprendre, tu vas te ranger
Tant pis pour cette fille, celle-ci est belle et bien perdue
Ce ne sera pas pour cette fois-ci, c’était trop ardu
Mais en te remettant en question, si tu es assidu
A force d’abnégation, tu gagneras ton dû
Sans renier tes forces, en comblant tes lacunes
Si jamais tu t’efforces, tu peux changer la fortune
Tu connais ta valeur, tu n’as de peur aucune
Tu prendras de l’ampleur, fabriqueras ta tribune
Aujourd’hui la décision, d’être un homme nouveau
De le vouloir avec passion, en usant ton cerveau
Ainsi débutent pour toi les douze mille travaux
Pour cette beauté qui s’en va, tu vas te mettre à niveau

Visuel

Un chevalier à genoux près à prêter serment, en cotte de mailles, basket fluo, casquette et une épée de plastique.

Photo d’entête : “Alone” par Marko Javorac