Je me suis retrouvé avec les gilets jaunes, face à l’armement des tyrans. Nous voyions bien que nous n’aurions aucune chance face à ces cuirasses, à la technologie, à la lâcheté des nôtres. J’ai cherché alors dans les propriétés cachées de l’être humain de quoi nous défendre de la science. Mais j’ai compris que l’Homme qui tâchait de maîtriser ces forces ne serait rien d’autre qu’un éternel Adam ou Faust aux mains de Satan et du démon. Il faut que ces propriétés cachées de la nature soient offertes comme une grâce. (Cf. Ne pas toucher de l’arbre de la connaissance du bien et du mal)
J’ai trouvé alors dans la foi la clef de l’énigme que je cherchais. Si la mort n’était rien, alors j’ai senti les montagnes qui écrasaient mes épaules se déplacer et disparaître. Si Dieu était au-dessus de nous, alors il pourvoirait et nous offrirait les miracles que nous ne pouvions faire par nous-mêmes. L’Eglise m’offrait cette fraternité de combattants souriants que je cherchais dans les rues et les rond-points. L’Eglise m’offrait cette multitude, cette force du nombre chez les vivants et cette longue chaine séculaires de morts. Sur les bancs de l’église physique quelques dizaines de croyants, et sur ceux de l’Eglise mystique, ce corps du Christ que nous formons tous à la fois, des millions d’Hommes qui, comme nous, ont douté.
Nous sommes tous là assis à prier sans bien comprendre toujours les Temps que nous vivons. Nous avons la référence et l’appui de tous ceux qui nous ont précédés, mais avec la difficulté et ce poids en plus sur nous, que désormais c’est nous qui devons prendre les décisions et eux ne peuvent qu’attendre les Derniers Temps. Notre génération et toutes celles qui vont suivre – même si je reste persuadé que nous sommes l’avant-dernière – ont la Fin au bout des doigts, et nous voilà à l’aube d’un pouvoir d’extinction planétaire, Homme-Dieu redevenu bête et déchu encore une fois dans un temps prochain.
Dieu nous nourrira de manne, Dieu créera des chemins dans l’air là où il y aura l’impasse, en Dieu est tout et notre difficile tâche à nous est de rester fidèles. Nous chantons, nous relevons, nous entretenons les murs légués par nos ancêtres, nous faisons vivre le Livre – le reste nous échappe. Et c’est en comprenant la modestie de notre rôle, que nous devenons forts face à n’importe quelle cuirasse capable de nous broyer.
Je ne suis pas bien sûr que beaucoup de Catholiques aient compris tout cela.
Si les gilets jaunes reprennent…
Photo d’entête : “untitled201502220014.jpg” par Arlen Breiholz
