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L’envers d’une caresse

(Chanson pour deux voix)

I. L’amour déçu…

1. Je t’ai aimé en un instant
Alors je t’ai ouvert mon cœur
Tu as refermé ses battants
Lui préférant d’autres vainqueurs

2. Tu n’as même pas été dure
Tu m’as éconduit gentiment
Mais je brûlais de ta “froidure”
J’étais bombe à retardement

3. Je ne te reproche aucune faute
Tu n’avais pas à être otage
De mes attentions les plus fortes
Que je taisais comme un outrage

4. Tu as refusé mes cadeaux
M’offrant toute ton amitié
A la dérive sur un radeau
Dans le marais de ta pitié

5. Mais que faire avec ce si peu ?
Pardonne-moi, je n’ai pas su
M’éclipser à sauve-qui-peut
Partir dans l’exil d’un refus

6. Fallait que je reste à ma place
C’est-à-dire tapi dans l’ombre
Mais c’est un très étrange espace
Où l’on soigne son côté sombre

7. Tout le monde n’est pas capable
De transformer ce qu’on lui donne
Des crachats en chansons affables
D’accorder les cris pour qu’ils sonnent

8. Je suis alors cet Erostrate
Un salopard plutôt que rien
Celui qui prend tout en pirate
Puisqu’il ne peut le faire bien

II. …qui dégénère

1. Cette colère qui te blesse
La paume cachée sous un poing
C’est le revers d’une caresse
En un coup qui revient de loin
2. Toute cette force, tu vois
Je l’aurais usée à t’aimer
Au fond si j’avais eu un choix
Que tu m’as nié à jamais
3. Accorde-moi juste une danse
Laisse-moi sentir ton parfum
Pour effacer toutes tes offenses1
Que je te pardonne sans fin
4. Ne crie pas je veux qu’on s’entende
Qu’on se dise des mots d’amour
Et qu’alors enfin on s’étende
Que cette nuit soit sans retour
5. J’embrassais bien ta main courante
Ouvre-la donc pour une étreinte
Pourquoi est-elle si coulante ?
Pourquoi parais-tu si éteinte ?
6. Je lisais mon nom sur tes plaintes !
Fin de ma vie transparente
Enfin j’ai pu te voir atteinte
Et comme je le fus : transpirante
7. Je vais me graver dans ta chair
Tu penses à moi quand tu me crains
Avec une douceur bouchère
J’entre en toi à grands coups de reins
8. Puis je te mords pour te goûter
Tu sais que je t’ai dans le sang
Merde à ce que ça va coûter
Je ne ferai pas l’innocent

III. L’immoral de cette histoire

1. Il y a parfois de l’amour
Mêlé au métal d’une injure
Lorsque le fi(e)l de notre humour
Ne sait plus les points de suture
2. Si on sait lire entre les lignes
Que l’on sait prendre du recul
On peut retrouver en consigne
De l’estime sous un « j’t’encule ! »
3. Au socle d’un majeur dressé
Comme des habits vite enlevés
Un mot d’amour trop compressé
Un striptease (mal) élevé
4. Car il y a dans toute guerre
Toujours un ersatz de liaison
Un baiser devenu vulgaire
Et qui a perdu sa raison2

IV. Epilogue

1. Je ne descends pas de la cime
Continuez donc de me sommer
Descendez-moi poussés au crime
Je resterai sur ce sommet3

2. Je ne suis plus de tout’ façon
Je suis mort quand je l’ai tuée
Faites siffler vos armes et passons
Nos larmes s’envolent comme buée

3. Donnez donc mon corps à la science
Après cette longue querelle
Sauf –puis-je vous faire confiance ?
Mon cœur qui n’était que pour elle

4. S’il reste une chose à mon terme
C’est au français un nouveau lemme
Une nuance, un entre-termes :
Je te hais, te haime, je t’aime

5. Cette colère, sa tristesse
Sur laquelle tirons un point
C’était une infinie tendresse
Dont on n’a pas assez pris soin
6. Ces deux-là meurent dans un gâchis
Elle n’a rien à se reprocher
Lui de n’avoir pas réfléchi
Que d’autres auraient pu l’approcher
7. Cette colère qu’elle nous laisse
Une morale dans un coin
La haine est mauvaise maitresse
Et le dédain mauvais conjoint
8. Il n’y a rien sous les caresses
Ni envers, ni face, ni endroit
Il n’y a que la maladresse
Pas de chasseur mais que des proies

Variantes

  1. Var. toute ma souffrance ↩︎
  2. Var. Qui goute un trop de salaison ↩︎
  3. Var. jusqu’à sombrer ↩︎