Cette nuit j’ai rêvé que je rencontrai une femme dans un Chili en proie à un coup d’Etat. Je commençai cette relation avec elle et, très vite, les événements politiques nous surprenaient. Nous nous réfugions dans l’ambassade de France, où j’avais accès en me faisant passer pour journaliste et en ma qualité1 de Français. Explorant la grande maison surchargée de réfugiés2, nous trouvions une petite chambre où je désirais terriblement lui faire l’amour. Or, celle-ci n’avait pas de fermeture à clef et nous ne voulions pas être surpris ou devenir un spectacle.
Nous ressortions alors dans la ville pour entrer dans l’église San Francisco de l’Alameda, sur l’avenue du libérateur Bernardo O’Higgins3, et pénétrions dans une pièce attenante à la nef, dont la grande porte en bois et fer forgé de la Renaissance4, était restée ouverte. Nous pûmes la fermer de l’intérieur, et nous voilà allongés sur un matelas miteux au milieu de cette immense pièce servant vaguement de débarras, commençant à nous embrasser et nous déshabiller dans une lumière du jour flamboyante. Sauf, que, après l’avoir émoustillée et déshabillée à moitié, j’enlevai sur moi au moins deux pantalons et un collant, ainsi que cinq ou six t-shirts, m’étonnant moi-même d’être autant vêtu, perdant du temps à vouloir aller vite et m’énervant, mais surtout différant ce moment où nous allons nous étreindre.
Ce qui devait arriver arriva, des ouvriers venus travailler dans l’église en réfection, étrangers (Polonais ?), firent leur irruption dans le hall d’entrée dans un grand bruit. Pris de peur, nous n’arrivions pas à cueillir notre désir avec ces visiteurs faisant du bruit dans la pièce adjacente. Ce qui est pratique avec un rêve, c’est que ma conscience peut ouvrir la porte et me permettre de les voir.
Je me relevai encore pour vérifier que la clef était bien fermée, puis nous nous décidions de nous rendre à nouveau dans l’ambassade.
Bref, je n’ai pas baisé cette belle brune aux cheveux longs, car mon rêve le voulait pas… Pourquoi ?
Notes
- A part m’être donné la peine de naître dans le bon utérus à partir des bonnes testicules, je n’ai pas fait grand-chose pour être Français. ↩︎
- Souvenir indirect de l’ambassade d’Italie ou de celle de France, pleines de réfugiés en 1973, lors du coup d’Etat de la junte militaire. ↩︎
- Oui, l’Alameda, mais ça faisait une répétition. ↩︎
- Même mes rêves sont un peu moqueurs… ↩︎
Photo d’entête : “Im not scared” par Camila Souza
