Le passeport sanitaire nous empêche d’aller dans les restaurants, les salles de concert, les théâtres ou les cinémas ?
Il reste les montagnes et les champs qui demeurent d’une guerre à une autre et sont nos refuges éternels quand nos contemporains ont la rage dévorant leur âme
(et la télé qui les salit)
(et leur morale prostituée à la peur sans objet).
Il reste les églises où Lucifer a encore du mal à pénétrer malgré son travail de sape. On s’y bat un peu pour ne pas avoir à porter la muselière – ce sceau de la soumission –, tous n’ont pas compris le vaudou qu’on a mis dans leur sang, on y croise des êtres sans visage et des créatures sans courage, mais enfin, certains y restent encore droits et forts comme des piliers de gré.
Il reste qu’à l’aube du Déluge, toute cette culture qu’on croyait importante n’est qu’un peu de bruit à balayer négligemment. ll n’y a plus dans les salles, les foires et les stades qu’un long culte larvé au mensonge. On réinvestira ces lieux quand les larmes des esclaves auront terminé de les laver ; laissons les porcs bouffer, les sots se divertir, les creux meubler leur vide comme ils peuvent. C’est un temps de retraite et de camps de fortune, un temps à se régénérer autour d’un feu, dans la chaleur d’une bougie, à chanter nous-mêmes quand les étoiles révèlent leurs vrais visages de lâches et de chiens en laisse, temps à compter ses frères sur les doigts d’une main ouverte, temps où l’eau se retire juste avant le tsunami.
Gardons nos forces pour le temps du combat total (donc aussi culturel) à la rentrée scolaire (2021). Notre génération est née sur les premiers accords de “Smell Like Teen Spirit” et l’envie de faire du savon avec de la graisse de bourgeois (ah Tyler !) – les Boomers crèvent, jeûnons donc un peu avant l’orgie… retirons-nous sans tarder, nous reviendrons avec la force d’un vent fou…
Tout un été 2015 à écouter Horizons de Détroit.
Photo d’entête : “An underground ocean” par Ashok Boghani
