Une frontière invisible de la décence

…cette étrange limite au-delà de laquelle toute victime est prise dans une toile obscène tissée autour d’elle, une fois perdue − elle n’a pas le choix, malheureusement − dans les mains des commémorateurs. On la franchit dans l’autre sens, cette limite, lorsqu’à force d’être accusés avec outrance par des cochons de la pire espèce (et parmi eux, encore, la horde des commémorateurs), sans doute pire que ceux qu’ils accusent si les circonstances de leur vie leur laissaient s’exprimer tout le potentiel de leur bassesse, on se prend d’affection, du bout des doigts, avec répugnance et sans illusions, pour un accusé.

On peut être tué par un ennemi qui vous respecte ou tuer un adversaire qu’on estime. On peut être tué deux fois lorsqu’on est défendu par des crapules. Je l’ai vue en France, au Chili, en Espagne −  je subodore qu’elle passe encore en Birmanie/Myanmar, aux EUA, cette frontière invisible de la décence et de l’honnêteté.

Bande-son

Sonic Youth, “Bull in the Heather”

Il m’a fallu des mois pour retrouver ce morceau que j’avais en tête, incapable de le situer dans un album, ni d’en dater l’époque, arpentant Sonic Youth à la recherche de ce bijou mais sans jamais le trouver, sans pouvoir le décrire, « Kim Gordon qui chante », elle scande, supplie, en refaire le phrasé, et puis décrochage, je peux le chanter, insulter Shazaam de ne pas être capable de reconnaître lorsque je le lui chante au nez, et puis un jour je découvre sur Youtube, un peu par hasard, qu’il s’agissait de “Bull in the Heather”. Un soulagement.

Photo d’entête : “Brothers in love” par Jonathan Fox.


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