Cela fait maintenant trente ans…
J’entendais régulièrement dix secondes de “Suds & soda” dans une publicité sur MTV. J’allais galérer à retrouver les auteurs de cet extrait, mais je m’y attachais avec le même entêtement douloureusement joyeux qui nous prend lorsqu’on part à l’assaut d’une femme dont on ne connait encore rien d’autre que ses beaux yeux, doux moment où on peut encore la rêver princesse, et se voir chevalier rien que de prendre le mal de mener cette quête. J’étais séduit, il me fallait ce truc ! J’y parvins.
Je pris tout ce qu’il me restait d’argent de poche, en francs belges, et fus dans ma petite boutique de CDs préférée, celle près de la Grand Place de Mons, où se trouvaient tant de disques introuvables ailleurs que j’aurais aimé pouvoir m’acheter, avec sa vendeuse blonde aux cheveux longs, maigrichonne et diaphane qui m’attirait autant que je n’arrivais pas à la trouver jolie.
Je rentrai chez mois. Les 13 plages (de la version belge) de Worst Case Scenario retentit pour la première fois dans mes oreilles. Intro, le thème que je connaissais, puis arriva la chanson éponyme du CD. Une impression bizarre me prit, l’impression d’avoir fait une bêtise, je me demandai ce que c’était que ce truc. N’était-ce pas parce que j’avais perçu quelque chose d’original que je me suis précipité sur l’album du groupe ? Si, mais là pour de l’original…
Pourtant j’ai bien dévalisé tous mes francs belges pour ça, alors… je retentai. La deuxième écoute, se passa un peu mieux. En entier, cette fois-ci. Soit, je commençai un peu à apprivoiser ces sons mais restai toujours la défensive.
Il me fallu une troisième écoute pour que je basculasse vraiment. Et là, je pris conscience que j’avais sous la main l’album qui restera ma référence pendant des années. A-t-il été détrôné ? Sans doute pas.
Une des plus belles bêtises de ma vie…
A quand le prochain bateau dans lequel on embarque vers l’inconnu, juste pour suivre un parfum, capturer un son ou retrouver un article étrange de l’Anglo-American Cyclopædia ?
Photo d’entête : “dEUS – Scala – 16/04/08” par Mark Freeman.
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